Les arbres. L’huile. La couleur.
Le thème des arbres s’est imposé très vite, leur verticalité m’intéressait. Recherche sur la verticalité et de son intersection avec l’horizon. Compositions quasi géométriques à la base de mes dessins parfois réalisés sur le motif, puis retravaillés dans mon atelier. Il ne s’agit pas pour moi de recopier la nature mais d’en trouver l’expression intérieure la plus juste.
Les premiers travaux se font sur papier, puis sur carton et toile. La couleur est libre. Il est vrai dans ce sens, on peut y trouver, par sensation, des rapprochements avec les teintes des Nabis. Des formes séparées par des lignes. Le thème des arbres se poursuivra jusqu’en 2002. Parallèlement, et parce que la peinture est faite d’allers retours, je quitte parfois les bois, pour me rapprocher de l’horizon, des rivages. Je quitte les compositions géométriques pour laisser aux lignes davantage de liberté. Mon geste change, les couleurs s’imposent dans les gestes et je tente d’assumer chacun d’eux. Chaque étape doit être visible, le choix des couleurs doit avoir un caractère définitif, sans recouvrement. L’observation d’un paysage, nourri par des promenades, possède de plus en plus un caractère topographique. Je me souviens de la phrase de Paul Eluard : « Voir, c’est comprendre ». Comprendre comment un arbre pousse, s’élève, c’est savoir le dominer, idem pour les couleurs, les rochers de la mer. Ce sont des mouvements qui se côtoient. Viennent alors les peintures que je réalise sur papier en grandes séries. La préparation des couleurs me demande parfois plusieurs jours, je limite ensuite l’acte de peindre en un temps très court. Je fais confiance à ce que mes yeux et mes mains ont appris. Mes gestes deviennent plus larges, plus libres et plus incisifs. Définitifs. J’utilise parfois un peu de matière, mais ma peinture est aussi parfois très diluée, presque transparente. Bien qu’ayant toujours travaillé l’huile, le papier me fourni aussi cette contrainte : il n’est pas fait pour recevoir une matière trop importante.
La peinture représente, pour moi, la liberté. Lorsqu’on demandait à Bazaine à quoi sert la peinture, il répondait ceci « La peinture sert à rendre l’homme libre ».
J’ai cessé depuis longtemps de me demander ce qui était moderne ou pas, de notre époque ou pas. Peindre c’est apprendre petit à petit son métier d’artiste, un métier artisanal et artistique, qui demande énormément de temps. Un métier chronophage. Ainsi Villon disait « En peinture, ce sont les 50 premières années qui sont les plus difficiles ».